Dans le clocher de Tielt !
Sur le coup de dix heures, par une matinée ensoleillée, nous nous présentons au beffroi de Tielt. C’est là que nous attend Berenice Vanrenterghem, guide de la ville. Nous avons réservé une visite guidée sur le site de Visit Tielt, au cours de laquelle nous pouvons explorer le beffroi. En effet, il n’est accessible qu’avec un guide de la ville, précise le site.
La première porte qui s’ouvre donne accès à une petite zone de service au rez-de-chaussée. Il s’agit du local technique de la tour, où les fondations sont visibles. A l’intérieur, l’épaisseur des murs saute aux yeux : un mètre et demi ! Ces solides murs datent de 1275, année du début de la construction du beffroi.
Un beffroi grâce à Béatrice de Brabant
Le fait que Tielt ait reçu l’autorisation de Béatrice de Brabant de construire un beffroi en 1275 est significatif. Il indique une période florissante de commerce et d’activité dans la ville. On n’obtient pas un beffroi à la légère ; il est le symbole d’une importance économique et stratégique.
À l’époque, Tielt occupait une place importante en Flandre occidentale. Après Bruges, Ypres et Courtrai, elle était la quatrième ville de la province. Si vous regardez une carte, vous comprendrez pourquoi. Tielt se trouve exactement au milieu du triangle formé par Bruges, Gand et Courtrai – une situation stratégique qui a conféré à la ville son importance.
Une fois par an, les portes sont ouvertes
Les murs du beffroi sont faits de briques cuites sur place avec de l’argile ferreuse de la région. C’est ce qui donne aux briques leur couleur rouge-brun typique. Au fil des ans, les murs ont été renforcés à plusieurs reprises, notamment à la suite d’actes de vandalisme. En conséquence, les murs sont devenus si épais qu’il ne reste que très peu d’espace à l’intérieur. Aujourd’hui, cet espace est utilisé à des fins techniques, sauf une fois par an. On ouvre alors les portes pour y placer une crèche atmosphérique.
Une entrée séparée pour les étages supérieurs
À l’entrée des étages supérieurs, Bernice raconte : « En Flandre, on ne parle pas vraiment de beffroi, mais de tour de halles. À côté ou au-dessus des halles aux draps – où l’on échangeait notamment des étoffes – les gens construisaient souvent une tour. Nous l’appelions la tour de la halle.
Le clocher est une sorte de sculpture
Le clocher d’aujourd’hui ressemble à une sculpture, façonnée par les ravages du temps et de nombreux événements. Tielt n’a jamais eu de remparts et était donc vulnérable. C’est ce qui s’est passé en 1383, par exemple, lorsque les Gantois ont détruit le beffroi et les archives de la ville. L’histoire du beffroi est faite de destructions et de reconstructions. En 1560, il a été reconstruit dans le style de la Renaissance flamande, qui orne encore le bâtiment aujourd’hui. La première gravure représentant le beffroi date de 1613.
1er étage : « Koppenmuseum » et gravures anciennes
Au premier étage, vous trouverez non seulement des gravures historiques du beffroi, mais aussi le « Musée de la tête ». On y trouve des caricatures d’hommes politiques créées par l’artiste GAL. Ces sculptures en polyester ont été créées à l’origine pour les fêtes de Tielt Europe, un événement organisé depuis 1959. Ces festivités, qui visaient à tisser des liens entre les villes européennes, étaient un symbole d’unité et de paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Une anthologie basée sur des gravures anciennes
Les gravures de cet étage expliquent également pourquoi le beffroi actuel ne représente qu’un tiers de sa taille d’origine. Les changements les plus importants ont eu lieu au XIXe siècle, lorsque la halle aux draps médiévale a été démolie et qu’une arche de la galerie a disparu pour faire place à un tramway.
Le beffroi pendant les guerres mondiales
Pendant la Première Guerre mondiale, Tielt était le quartier général de la quatrième armée allemande, qui y prenait des décisions importantes. Les avions sans radar utilisaient la mosaïque devant le beffroi nommé « Thielt » pour s’orienter.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le beffroi a subi de lourds dommages. Lors de la libération de 1944, il a été touché dix fois par des grenades blindées. En outre, lors de travaux de réparation en 1945, la tour a pris feu. Entre 1957 et 1959, le beffroi a été entièrement restauré, éliminant les dommages causés par les deux guerres mondiales.
Un dispositif mystérieux
Plus loin, nous découvrons un dispositif intrigant : un grand mécanisme de roues dentées, vraisemblablement du 18e siècle. Sa fonction est inconnue, mais il semble avoir joué un rôle dans le système de cloches du beffroi. Bien qu’aucune inscription ne permette d’en savoir plus, il s’agit d’un objet fascinant.
Les étages supérieurs
Aux étages supérieurs, on trouve le domaine du carillonneur de la ville. Le dernier carillonneur de Tielt, Jozef Van Maele, était un personnage haut en couleur. Il était connu pour ses interminables concerts de carillon, qui étaient parfois si bruyants que les habitants en étaient désespérés. Après un conflit avec les commerçants et une décision du juge de paix, il a démissionné en 2000. Depuis, Tielt n’a plus de carillonneur permanent, mais des concerts invités sont organisés.
Le carillonneur Jozef Van Maele, le dernier carillonneur de la ville
Jozef Van Maele a été le carillonneur de la ville de Tielt pendant 26 ans, mais en 2000, cette fonction a pris fin en raison d’un conflit avec un restaurateur et des commerçants qui jouaient trop fort sur le carillon. Le juge de paix a imposé des heures de jeu limitées et une amende en cas d’infraction, après quoi Van Maele a démissionné.
Deux ans plus tard, il tente en vain de se représenter, mais le conseil municipal préfère les concerts d’invités à un carillonneur permanent. Son départ marque une rupture dans la longue tradition du carillon à Tielt.
A vos risques et périls
Avec une clé de Bernice, nous sommes autorisés à continuer à monter, mais non sans un avertissement : « Soyez prudents, car aucune ambulance ne peut venir ici. » Par des escaliers poussiéreux et des toiles d’araignée, nous atteignons le cinquième étage, où se trouve le clavier du carillon. Une échelle permet de monter encore plus haut, mais le câblage du carillon rend l’escalade difficile.
Surtout, allez-y et voyez par vous-même !
Satisfaits, nous sommes redescendus. Cette visite au clocher de Tielt nous a offert non seulement une belle vue, mais aussi une histoire impressionnante. Nous avons acquis un morceau d’histoire et pouvons ajouter une nouvelle ascension à notre liste !
Cela vaut donc la peine de prendre rendez-vous avec Bernice ou l’un de ses collègues lors de votre visite à Tielt.
Envoyez une demande à : visit@tielt.be Ou appelez pendant les heures de bureau au :+32 51 42 81 11
Eric Cornelissen
On ne sait plus quand, mais c'est à l'occasion d'une édition des Fêtes de Gand qu'est né l'intérêt pour l'histoire et la signification des clochers.
En clin d'œil à Reinhold Messner, qui fut le premier à escalader les quatorze plus hauts sommets du monde, quelqu'un a suggéré que quelqu'un escalade tous les clochers des Pays-Bas ! Ce n'est que plus tard que l'on s'aperçoit qu'il n'y en a pas quatorze, mais cinquante-six. Messner n'a pas eu la tâche facile...